Retour à l'Accueil Retour à l'Accueil

Le tympan

une remarquable unité d’intention

La renommée du tympan du Jugement dernier provient certainement, pour une grande part, des innovations stylistiques de Gislebertus. Sa particularité vient aussi d'un programme iconographique riche de sens, qui fait encore aujourd'hui l'objet d'études.

Le tympan du Jugement dernier

Le lien tissé initialement entre le saint patron du lieu, Lazare, son reliquaire monumental adossé au maître-autel et l’iconographie des portails, a été maintes fois souligné depuis les études de l’abbé Terret, de G. Zarnecki et D. Grivot, de N. Stratford ou de W. Sauerländer.

La découverte en 1999 à l’évêché d’Autun, d’une enquête ordonnée par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, datée du 11 avril 1443, sur l’authenticité des reliques de saint Lazare, a permis de relancer les recherches et de préciser la déambulation des pèlerins dans le chœur et les chapelles latérales.

Il convient aujourd’hui de confronter ce document et l’Enquête de 1482 et sa précieuse description du bâtiment à la lecture des deux portails : le portail latéral ponctué au tympan de la Résurrection de Lazare, qui livrait aux fidèles l’accès aux reliques, et le grand portail, celui du Jugement Dernier, point d’orgue de leur pérégrination.

Grâce à la restauration récente de ce dernier (2009) et au repositionnement de huit fragments, un examen attentif du programme sculpté s’est avéré possible et a livré une lecture réactualisée de l’un des tympans les plus emblématiques de l’art roman bourguignon.

Sa confrontation avec des manuscrits contemporains provenant de l’abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, de l’abbaye Notre-Dame de La Ferté-sur-Grosne, de l’abbaye Notre-dame de Citeaux ou de la cathédrale d’Auxerre, permet de mieux comprendre les innovations stylistiques de Gislebertus et, entre autres, le dynamisme expressif des personnages contrebalancé par l’impassibilité du Christ juge.

Fragment d'un Vieillard de l’Apocalypse
Fragment d'un Vieillard de l’Apocalypse
Temps cosmique, le signe zodiacal du Sagittaire
Temps cosmique, le signe zodiacal du Sagittaire
Temps humain, le mois de juillet
Temps humain, le mois de juillet

Ne se limitant pas au tympan, le programme iconographique du grand portail se développait sur les voussures, dont deux historiées. Sur la première, bûchée consciemment au XVIIIe siècle, figuraient les Vieillards de l’Apocalypse, image du collège siégeant à la fin des temps aux côtés du Christ.

Une analyse des fragments conservés au musée Rolin de ces Vieillards permet de mieux appréhender le décor initial et sa portée symbolique. La vision eschatologique du tympan s’inscrivait dans le temps cosmique (la course des planètes évoquée dans le zodiaque de la troisième voussure) et dans le temps humain, rythmé par les travaux des agricoles (les travaux des mois, les allégories des saisons et de l’année).

Ce programme s’étendait enfin au trumeau, avec la figuration de Lazare et de ses deux sœurs, et aux chapiteaux des ébrasements, mais aussi vraisemblablement aux petits portails latéraux.

MAURICE-CHABARD, Brigitte. Révélation, le grand portail d’Autun, Autun, 2011, p.2

Sous la direction de Cécile Ullmann, Révélation, le grand portail d’Autun, Autun, 2011