Un objet touristique
Les représentations de la cathédrale Saint-Lazare sont nombreuses : gravures, moulages, photographies et cartes postales. Ces représentations témoignent d'un "goût pour le patrimoine" très souvent lié au développement du tourisme.
- Gravure de Piringer
Le portail de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun avec son tympan sont considérés comme des objets, certes attachés à leur cadre architectural, mais pouvant être reproduits de manière indépendante. Les nouveaux procédés de moulage et d’estampage, ainsi que la photographie, qui se développent au XIXe siècle ouvriront la voie à la connaissance de la sculpture d’Autun. Les gravures romantiques ou pittoresques de la fin du XVIIIe siècle (Jean-Baptiste Lallemand) et du début du XIXe siècle (Benedickt Piringer) apporte des éléments factuels, mais, comme toute œuvre, peuvent également être sujettes à interprétation. Le moulage et la photographie amènent un aspect documentaire utilisable à la fois pour les recherches scientifiques et pour la diffusion d’une image, voire pour un outil de communication et de pédagogie.
- Moulage du tympan du Jugement dernier
Le moulage du tympan du Jugement dernier est réalisé en 1881, par le mouleur Fontaine. Il s’appuie sur les instructions laissées par Viollet-le-Duc, avant son décès en 1879. Autun fait partie des premières sculptures à estamper avant Laon ou Amiens. L’objectif était double, d’une part conserver et sauvegarder l’œuvre et d’autre part, en faire un outil pédagogique pour le public, au sein du musée des Monuments Français. En 1949, après le repositionnement de la tête du Christ, un second moulage sera effectué, afin de compléter la copie.
A la même période, dans les années 1880, de nombreuses campagnes photographiques voient le jour. Les frères Neurlein et Charles Mieusement passeront à Autun. Ils travaillent tout à la fois pour les musées et les éditeurs de cartes postales. Avec le développement de l’automobile et de fait, du tourisme, les communes doivent disposer de cartes postales pour les voyageurs. Les guides de voyage illustrés émergent chez certains éditeurs. Le guide Joanne publié par Hachette sera une référence. Celui consacré à la Saône et Loire est publié en 1878. Autun est présentée par trois illustrations : les deux portes antiques et la cathédrale Saint-Lazare.
Les politiques patrimoniales et touristiques deviennent alors intimement liées.
Les images véhiculées peuvent être pittoresques, artistiques, documentaires voire pédagogiques. Les cadrages révèlent leurs caractéristiques. La vue strictement de face ou de détail entre dans l’image documentaire ou pédagogique. Les vues dites "de travers" se veulent plus artistiques. Certaines sont aussi mises en scène et reprennent des procédés utilisés en peinture, faisant appel à des personnages contemporains. Ils donnent à la fois l’échelle du monument photographié et invite le "regardeur" à entrer dans l’image.
- Deneux, vue de face du porche nord
- Mieusement, vue de travers du porche nord
- Un exemple de vue posée, 1910
Dans la seconde moitié du XXe siècle, la diffusion et la connaissance du tympan se fait par le biais d’expositions et de publications. Des ouvrages d’éditions d’art généreuses en illustrations qualitatives œuvrent dans ce sens. La dimension symbolique du tympan et la pédagogie pour la compréhension des scènes sculptées devient la thématique la plus récurrente. Cette diffusion auprès d’un public plus urbain met également en exergue la personnalité énigmatique de Gislebertus. Le titre de l’ouvrage aux éditions Zodiaque écrits par Denis Grivot et Georges Zarnecki témoigne de cette ambiance "Gislebertus, sculpteur d’Autun".
• LE CLECH-CHARTON, Sylvie. La cathédrale d’Autun et son portail du Jugement dernier, XIXe – XXe siècles : objets étudiés, restaurés, déplacés. In. Révélation, le grand portail d’Autun, Lyon, Lieux Dits, 2011, p.74-95.
• BOYER, Marc. Histoire générale du tourisme, du XVIe au XXIe siècle, Paris, L’Harmattan, 2005