Toucher le tympan
Chapiteaux > Chapiteau aux Atlantes
Ce chapiteau, détérioré lors de la démolition de 1766, a été restauré. Sur un fond de plantureuses feuilles d'acanthe (décor caractéristique des chapiteaux de l'ordre corinthien et illustrant l'influence des modèles antiques sur l'art roman) se répondent symétriquement deux atlantes qui semblent supporter le poids du linteau. Par allusion au géant Atlas que les Anciens Grecs représentaient soutenant les colonnes du ciel, un atlante désigne une statue d'homme, servant de support à un ouvrage d'architecture tel que balcon, corniche, entablement, tribune.
La tête de l'atlante de gauche semble avoir été identifiée parmi les fragments recueillis après la démolition de 1766 et déposés dans les tours du porche. Le traitement de la chevelure avec enroulement des mèches derrière les oreilles rappelle le modèle clunisien. Le traitement du visage avec la savante combinaison d'un trois quart (une joue bombée et l'autre plate pour rester dans l'alignement de la surface de la corbeille) est identique au visage d'Eve provenant du linteau du portail latéral de St-Lazare.
Quant au principe d'enjamber des feuilles d'acanthe, il est issu des lettrines historiées contemporaines où de jeunes gens se jouent du milieu végétal avec dextérité.
Zoomer sur le chapiteauTrumeau
Le trumeau, c'est-à-dire le pilier central du portail représente Saint-Lazare et ses deux sœurs, adossés à un pilastre. Saint-Lazare est représenté sur en habit d'évêque, portant une mitre, qui est une couvre-chef réservé aux évêques. Les deux sœurs, Marthe et Marie Madeleine, tiennent chacune un alabastre, c'est-à-dire un type de poterie antique utilisée pour la conservation et l'application d'huile, principalement parfums ou huiles de massage. L'original a été détruit au cours du XVIIIème siècle et remplacé par une copie au milieu du XIXe siècle.
Les figures représentées sur le trumeau illustrent ainsi la volonté de promouvoir le culte de Saint-Lazare et la celle d'y associer étroitement celui de ses deux sœurs. Celles-ci seront ainsi systématiquement adjointes dans toutes vénérations et ce jusqu'au XVe siècle.
Zoomer sur le haut du trumeauChapiteaux > Ethiopien chevauchant un animal hybride
Les piédroits eux-mêmes sont décorés d'une riche sculpture géométrique et végétale : feuilles d'acanthe emboîtées l'une dans l'autre, torsade cannelée ornée de rinceaux bagués et de rosaces, gaufrures, écailles tressages perlés, etc. Les chapiteaux des piédroits ont été probablement déposés en 1859 et remplacés par des copies.
Le chapiteau représente un personnage (sûrement éthiopien) chevauchant un animal hybride doté d'une queue de lion décorative, de sabots et de griffes d'oiseau, son corps est doté d'un pelage mais il est aussi pourvu d'ailes. Des sortes de moustaches servent de prise au cavalier qui brandit une massue. Il pourrait s'agir d'un hippogriffe dont le cavalier serait un éthiopien, réputé avoir deux paires d'yeux, si l'on se réfère au sujet identique traité dans l'un des chapiteaux qui ornaient la nef de Saint-Sauveur de Nevers (travées occidentales) ; ce dernier porte l'inscription «ETIOP», pour Ethiopes ou Ethiopiens, l'un des peuples monstrueux décrits par Solin, reprenant ainsi la tradition antique d'où est issue cette géographie exotique. Ainsi, cette scène illustre le thème de la géographie du monde (cosmos), qui fait allusion à toutes les races de la terre (réelles, imaginaires ou monstrueuses), thème qui est peu présent à Autun.
Zoomer sur le chapiteauChapiteaux > Chapiteaux des colonnettes gauches
Les colonnettes latérales gauches reçoivent les arcs des trois voussures, et sont couronnées par trois chapiteaux historiés. En allant de droite à gauche :
- le premier représente Six vieillards de l'Apocalypse;
- le deuxième la scène du renvoi d'Agar et d'Ismaël par Abraham (Genèse, XXI);
- le troisième illustrant « Le loup et la grue », qui est une fable d'Esope et donc un thème directement issu de l'Antiquité.
Chapiteaux > Le prophète Balaam sur son ânesse
Les piédroits eux-mêmes sont décorés d'une riche sculpture géométrique et végétale : feuilles d'acanthe emboîtées l'une dans l'autre, torsade cannelée ornée de rinceaux bagués et de rosaces, gaufrures, écailles tressages perlés, etc. Les chapiteaux des piédroits ont été probablement déposés en 1859 et remplacés par des copies.
Le chapiteau représente le prophète Balaam sur son ânesse. Il se rend auprès du roi de Moab, Balac, afin de maudire les hébreux venus d'Egypte. Il est arrêté sur son parcours par l'Ange du Seigneur, dont le traitement occupe la face latérale du chapiteau ; seul son bras gauche levé et placé à l'angle de la corbeille encourage le regard du spectateur à poursuivre la lecture du récit ; ce principe a été décliné dans d'autres chapiteaux, entre autres celui de la Fuite en Egypte. La monture de Balaam s'est agenouillée mais le prophète ne perçoit pas le message divin. Il est vêtu d'un manteau à capuche et tient dans ses mains un tau (un bâton pastoral d'évêque au Moyen Âge). La manuscrit de la Bible de l'abbaye Saint Bénigne de Dijon illustre le même sujet, dans les représentations autour de l'initiale L des Nombres.
Zoomer sur le chapiteauChapiteaux > Chapiteaux des colonnettes droites
Les colonnettes latérales droites reçoivent les arcs des trois voussures, et sont couronnées par trois chapiteaux historiés. En allant de gauche à droite :
- le premier représente La Purification de la Vierge et la Présentation au Temple (Luc, II, 25-32);
- le deuxième représente Saint Eustache (général dans l'armée romaine, sous le règne d'Hadrien,) et sa conversion lors d'une chasse au cerf;
- le troisième représente Saint Jérôme retirant l'épine de la patte du lion.
Les voussures > 1ère voussure
Bûchée en 1766, elle présentait les rois d'Israël et les 24 Vieillards de l'Apocalypse, image du collège siégeant à la fin des temps aux côtés du Christ. Une analyse des fragments conservés au musée Rolin permet de mieux appréhender le décor initial.
Elle présentait les 24 Vieillards de l'Apocalypse trônant sur des sièges à arcades qui trouvaient un écho dans ceux des Apôtres, de la Vierge et du Christ. Les Vieillards étaient tournés en direction du Christ Juge ; ils élevaient des coupes et tenaient des vièles ou des cithares. Ils étaient tous couronnés et vêtus de tuniques ornées de perles. La filiation avec Cluny III et Anzy-le-Duc (1109-1115), à leur propos, a été maintes fois soulignée.
On trouve parmi les fragments de cette voussure conservés au musée Rolin, une patte de lion sur un livre ouvert et une serre d'oiseau tenant un codex. Il s'agirait de la représentation du Tétramorphe qui accompagne traditionnellement cette scène de l'Apocalypse. Une description du tympan datant de 1705 nous apporte des précisions : «la façade de l'église est composée de deux grandes portes avec des colonnes sculptées à costé, au milieu de ces deux portes, il y a un trumeau sur lequel on voit des figures d'Evêques en bas relief, & au-dessus il y a un gros agneau ainsi qu'il est exprimé dans l'Apocalypse». Des fragments de pelage rappelant la toison de l'Agneau pascal ornant la clé de voûte du narthex de Cluny pourraient bien appartenir à cette représentation qui devait orner le sommet de la voussure. Ainsi, les symboles des Evangélistes étaient répartis parmi les Vieillards qui élevaient leur coupe en direction de l'Agneau, symbole du Christ ressuscité : une Théophanie véhiculée dans de nombreux manuscrits de la seconde moitié du XIème siècle (Beatus de St-Sever ou Bible de Roda).
Les voussures > 2ème voussure
La deuxième voussure présente une décoration végétale. Symboliquement, elle encadre le monde divin qui est représenté dans la première voussure et le tympan, et opère ainsi visuellement la même distinction que celle réalisée par le linteau, qui représente le monde terrestre lors de la résurrection des Morts.
Au-delà de la deuxième voussure, c'est-à-dire sur la troisième, c'est à nouveau le monde terrestre qui est figuré
Les voussures > 3ème voussure
La deuxième voussure présentent une série de médaillons figurant les mois de l'année et les signes du zodiaque. Ces représentations participent d'une vision du tympan s'inscrivant à la fois dans le temps cosmique (course des planètes évoquée dans le zodiaque) et dans le temps humain, rythmé par les travaux agricoles (travaux des mois sont des allégories des saisons et de l'année.)
A voir également :
- Zoomez dans la scène interactive pour plus de détails.
- Consultez le dossier « Vivre au XIIe siècle »
Linteau > La résurrection des morts
Le linteau du tympan est un monolithe de 6,55m de long. Il soutient le tympan et est lui-même soutenu par les piédroits et le trumeau central. Le linteau conserve les stigmates de la suppression du trumeau, à savoir d'importantes fractures et fissures en son milieu.
Le sculpteur Gislebertus a sans nul doute privilégié le thème de la résurrection des Morts car les reliques de Saint-Lazare reposaient dans le chœur de l'église. La résurrection de Lazare (Jean, XI, 38-44), clairement affichée au tympan du portail latéral, était une préfiguration de la résurrection universelle à la fin des temps. Ainsi, le linteau est traité comme une frise qui se lit de gauche à droite, et qui opère visuellement une séparation entre le monde terrestre, où se déroulera la résurrection des Morts, et le monde divin de l'au-delà, qui est figuré dans le tympan et la première voussure. Seuls les anges soufflant dans leur olifant, à gauche et à droite en bas du tympan, créent un lien visuel fort entre la scène supérieure et celle du linteau.
Les ressuscités sont représentés déjà debout, rarement assis, et ils sortent de leurs tombeaux dont les cuves trapézoïdales rappellent les sarcophages du Haut Moyen Âge. Leur représentation est conditionnée à l'inscription gravée dans la partie supérieure du linteau qui est ponctuée de capitales rouges et dont les césures sont primordiales : elles rythment en effet les différents tableaux de la scène de la résurrection des Morts.
La répartition des ressuscités s'établit dans un ordre qui s'effectue physiquement par les anges orchestrant cette procession. La lecture du linteau se fait de gauche à droite, et deux parties distinctes peuvent être repérées : l'ange en position centrale sous les pieds du Christ crée cette distinction : à la droite du Christ, ceux qui accéderont à la Jérusalem céleste, à sa gauche ceux qui sont promis à l'Enfer.
A voir également :
- Zoomez dans la scène interactive pour plus de détails.
Linteau > Inscriptions du linteau
Les inscriptions du tympan d'Autun sont intimement liées aux scènes figurées. La représentation du Jugement dernier y est divisée en deux registres principaux : au registre supérieur, sur le tympan proprement dit, le Christ trône dans la mandorle, entre Paradis et enfer ; au registre inférieur, sur le linteau, la résurrection des morts fait apparaître les Elus à gauche et les damnés à droite. Les inscriptions se répartissent inégalement sur les deux registres : en haut, sur la mandorle, tout autour du Christ juge ; en bas, sur une seule ligne, tout le long du bandeau supérieur du linteau.
- Sur le bandeau du linteau, du côté des élus : QUISQUE RESURGET ITA : QUEM NON TRAHIT IMPIA VITA ET LUCEBIT EI . SINE FINE LUCERNA DIEI - « Chacun ressuscitera ainsi, que n'entraîne pas une vie impie, Et luira pour lui sans fin la lumière du jour ».
- Sur le bandeau du linteau, du côté des damnés : : TERREAT HIC TERROR ; QUOS TERREUS ALIGAT ERROR : NAM FORE SIC VERUM . NOTAT HIC HORROR SPECIERUM - « Que cette terreur terrifie ceux que lie l'erreur terrestre, Car ce sera vraiment ainsi, [comme l']indique cette horreur des images ».
- Sur le bandeau du linteau, au centre, sous les pieds du Christ et au-dessus de l'Ange : GISLEBERTUS HOC FECIT - « Gislebertus l'a fait (= a fait cela) ».
A voir également :
- Zoomez dans la scène interactive pour plus de détails.
Tympan > Le Christ du Jugement Dernier
Le Christ trône au centre d'une mandorle, c'est-à-dire une figure géométrique en forme d'amande ou ovale dans laquelle s'inscrivent le Christ ou la Vierge en majesté. Selon le modèle clunisien, cette mandorle est portée par 4 anges en vol. L'image triomphale du Christ, dont la monumentalité est propre à l'art roman, est par excellence celle des grands portails historiés tels Moissac, Beaulieu, Cluny, Vézelay, Autun, Charlieu...
Trônant sur un siège à décor d'arcatures auquel répond son marchepied, le Christ monumental d'Autun est vêtu d'un grand manteau richement orné ; il est traité dans un haut relief, aplati en surface, que met en lumière le travail graphique des plis du vêtement d'une rare élégance. Son impassibilité est renforcée par la position de ses bras, également en parenthèses, dont les mains offrent leur paume ensanglantée du sacrifice de la croix. Cette impassibilité du Christ Juge est contrebalancée par le dynamisme expressif des autres personnages dans les différentes scènes du tympan.
Sur la mandorle, de part et d'autre du Christ se trouvent des inscriptions :+ OMNIA . DISPONO SOLUS MERITOSQUE CORONO ... QUOS SCELUS EXERCET . ME IUDICE PENA COERCET - « Seul, je dispose de tout et je couronne les méritants ; Ceux que le péché tourmente, par mon jugement, le châtiment les punit ».
Tympan > Le Paradis
A la droite du Christ se trouve le Paradis, la demeure éternelle où sont accueillis les âmes des élus, ceux qui sont tirés de leur cercueil par les anges sur les représentations du linteau. Ainsi, l'ange soufflant dans son oliphant en bas à gauche, tourné vers le bas, opère une liaison visuelle avec le linteau. Les anges aident les âmes à accéder à la Jérusalem Céleste, représentée par une architecture faite d'arcade. Les apôtres, dont Saint-Pierre tenant sa clef, sont présents, tandis qu'au registre supérieur la Vierge trône directement à la droite du Christ.
Tympan > L'enfer
A la gauche du Christ se trouve l'enfer, introduit par la scène de la pesée des âmes. Tout comme pour le Paradis, l'ange soufflant dans son oliphant situé en bas à droite accueille les ressuscités qui vont devoir passer par la pesée des âmes afin de connaître leur destin éternel. Ainsi, Saint-Michel procède à cette pesée à l'aide d'une balance dans laquelle est représentée une âme. A l'extrémité droite de la balance s'accroche un serviteur du Mal, qui tente d'influer sur la pesée pour emporter l'âme vers l'Enfer, représenté derrière lui, et où fourmillent diable, démon, salamandre et Léviathan.
Présentation générale du grand portail
La restauration récente du grand portail permet de proposer une lecture réactualisée de l'un des tympans les plus emblématiques de l'art roman bourguignon.
Le thème central du tympan est celui du Jugement Dernier, essentiellement inspiré de l'Evangile de Saint-Mathieu. Le Christ trône au centre, avec à sa droite le Paradis et à sa gauche l'Enfer. Sous le tympan se trouve le linteau qui représente la résurrection des Morts. Enfin, les voussures encadrant le tympan font également partie du programme sculpté : la troisième représente le temps terrestre au travers du calendrier.
Mais ce grand portail se comprend en relation avec le portail latéral qui offrait une liaison entre l'antique cathédrale Saint-Nazaire et la nouvelle église de pèlerinage Saint-Lazare. Ce portail latéral représente la scène de la résurrection de Lazare. C'est par là que les pèlerins entraient dans l'église, selon un axe privilégiant les liens entre les deux édifices. Les reliques de Saint-Lazare, conservés depuis 972 dans la prime cathédrale Saint-Nazaire, trouvèrent en 1146 place dans le reliquaire monumental, situé dans l'abside de la nouvelle église toute proche, Saint-Lazare. La figure de Lazare apparaît ainsi au trumeau des deux portails de la nouvelle église.
Ainsi, le thème de la résurrection de Lazare et celui du Jugement Dernier sont étroitement liés : les pèlerins se pressant auprès du tombeau de Saint-Lazare s'identifiaient au Ressuscité et ils espéraient ainsi l'ultime résurrection qui adviendrait lors du Jugement Dernier, justement représenté sur le grand portail. Le programme sculpté répond ainsi à la volonté claire de promouvoir le culte de Lazare et la crainte du Jugement Dernier.
Méthodes et techniques de construction
Le découpage et la construction du tympan, composé de 31 blocs, ne répondent à aucune règle de symétrie mais s'organisent en 3 ensembles distincts par des joints filant sur toute la hauteur, qui délimitent des tableaux en cohérence avec le thème général du décor et ses protagonistes.
Le phénomène de projection en avant des figures par rapport à l'arrière plan (figures qui en sont parfois entièrement séparées par un vide), est un trait caractéristique du tympan d'Autun : toute la sculpture est dramatisée par les ombres ainsi portées sur le fond, alors que le portail est déjà dans la lumière amoindrie du porche.
Le grand portail d'Autun est le fait d'un artiste exceptionnel, comme la majeure partie de la sculpture monumentale de cet édifice.
La partie centrale du tympan est composée de 13 blocs répartis en 5 assises. Chacune d'entre elles, de hauteur constante, se compose de 2 ou 3 blocs qui offrent une parfaite stabilité et des surfaces restreintes permettant la mise en œuvre de blocs de masse limitée dont le plus grand mesure 125x45cm. L'appareil est très comparable à celui d'un mur roman, tant par la dimension des pierres que par la disposition des assises régulières.
Sur la figure centrale du Christ, la tête et le nimbe sont d'un seul bloc, malgré la saillie importante du visage qui dénote le travail de taille d'approche très important auquel a du se livrer le sculpteur en partant d'un bloc épais. Les joints horizontaux au niveau des bras, cuisses et tibias du christ ne sont pas inélégants, tandis qu'à la verticale, ils s'attachent à ne pas découper la figure des anges qui portent la mandorle. De part et d'autre, le calepinage est totalement indépendant mais traduit le même respect de la composition.
Polychromie
Le tympan était à l'origine très largement peint. De très nombreuses zones ont été richement ornées de diverses couches picturales, dont les plus visibles se situent sur les personnages majeurs de la composition : le Christ et la Vierge. Le Christ porte les traces d'une ornementation picturale assez complexe. De loin on peut distinguer le nimbe richement décoré. La carnation rosée est conservée sur son cou (seulement sur le fragment resté solidaire du corps), ses mains et ses pieds. De plus, sur son pied droit et sa main gauche, elle est recouverte par des coulures rouges, correspondant sans doute à l'évocation du sang des stigmates. Le rehaut des inscriptions par la couleur sur la bordure de la mandorle, ainsi que sur le linteau, marque aussi un point fort de la composition d'ensemble du tympan.
Les couches picturales sont de nature diverses :
- couches picturales polychromes (couronne de la Vierge, sur ses mains et son cou comme une carnation, et sur les mains, pieds et le cou du Christ; mais aussi une couche de couleur noire présente sur la clé de Saint-Pierre, sur la chevelure du Christ, ainsi que dans le décor des sandales du Christ.)
- couches monochromes : sur les plis des vêtements des personnages principaux (mais aussi sur les ailes des anges, et quelquefois dans leurs cheveux)
- traces grasses régulières : localisation précise qui suit les formes de la sculpture (dans le cas du repose-pied du Christ, ces traces grasses suivent la surface rectangulaire en contournant les pieds. ces traces sont absentes sur les parties non polychromes.)
Linteau > Les élus de la cité céleste, premier groupe
Le premier groupe de personnages, composé de quatre laïcs, de deux ecclésiastiques portant une crosse et de deux rois aux têtes couronnées.
Ce groupe se dirige vers la droite et se cantonne à la position du premier ange qui accueille trois enfants. L'extrémité des ailes de ce dernier marque la fin du premier tableau et inaugure le second. Ces ecclésiastiques qui suivent par définition la Voie de Dieu, et ces rois, eux aussi symbole de l'autorité et de la volonté de Dieu, marquent bien aux yeux des fidèles qui sont les élus : ceux qui suivent l'enseignement du Christ.
Linteau > Les élus de la cité céleste, deuxième groupe
Couples et individuels se succèdent ainsi qu'un moine et deux pèlerins, identifiables à leurs bourdons et leurs besaces. Celle-ci affiche l'origine de leur pèlerinage, la croix de Jérusalem et la coquille de Saint-Jacques de Compostelle. Là aussi, la typologie des élus y fait apparaître en bonne place ceux qui vivent dans l'enseignement du Christ. Le sculpteur a ici magnifiquement traduit le sort qui attends les élus : les attitudes sont confiantes, les visages extatiques, l'impatience des plus jeunes se devinant presque dans ce cortège où se succèdent les futurs élus de la Cité céleste.
Linteau > L'ange en position centrale
L'ange en position centrale effectue une première sélection, tenant une épée dans sa main droite. Au-dessus de lui court l'inscription Gislebertus hoc fecit, c'est-à-dire « Gislebertus l'a fait ». De la main gauche, il repousse les Réprouvés.
Linteau > Les Réprouvés
A la gauche du Christ et de l'Ange se trouvent donc les Réprouvés, ceux qui sont promis au destin terrible de la damnation éternelle. Dans ce premier groupe, les visages trahissent une inquiétude grandissante qui se transforme très vite en désespoir : les corps s'affaissent, les mains se tordent, les visages se cachent progressivement, gémissent et pleurent. Le troisième verset s'arrête là.
Linteau > Les vices
Le dernier verset inscrit au-dessus du linteau débute par une figure qui a déjà pris le visage déformé des diables de l'enfer. Il s'agit de la représentation de l'Avarice, qui essaye de sauver sa bourse rebondie et qu'un serpent tente de dérober.
Ensuite un personnage représenté frontalement retient avec force ses jambes pour résister à la pression de deux grandes mains griffues jaillissant sous l'inscription NAM FORE SIC VERUM comme si « l'horreur de ses images » émanait directement de l'essence du texte. Du même sarcophage est issue la représentation d'un autre vice, la Luxure, dont un serpent dévore les seins. Lui succède sans-doute le Désespoir et d'autres vices non identifiés formellement (l'Ivrognerie personnage avec la barrique de vin? l'Oisiveté, femme assise dans son tombeau en attendant les mains sur les genoux? la Colère, femme grimaçant et se tirant les seins?)
Tympan > Le visage du Christ
Au début du XIe, le Christ de l'Apocalypse, précédemment imberbe, est systématiquement représenté barbu. Parallèlement, sa figuration en théophanie, c'est-à-dire en tant que Dieu se manifestant et se révélant aux hommes, évolue brutalement. Elle prend un aspect de fixité, elle acquiert un degré d'abstraction jusqu'alors inconnu. Figée, immobile, la figure du Christ se fait de plus en plus plate, avec des jambes écartées en losange, type presque ignoré auparavant.
Le soleil et la lune sont figurés de part et d'autre du visage du Christ, au centre de médaillons bien identifiables, mais les instruments de la Passion ont pour leur part tous disparu.
Les traits du visage du Christ, encadré de longs cheveux, suivent une parfaite symétrie axiale. La découverte opportune d'une longue mèche de cheveux permet d'aborder la polychromie qui a malheureusement entièrement disparu sur l'ensemble du visage. La peinture noire rehaussait avec force les mèches déjà incisées par le sculpteur. La couleur rosée de la peau figurant sur les mains du Christ permet d'imaginer l'utilisation de cette même couleur sur son visage ;
La mandorle profonde du christ comporte le même traitement de gaufrures que celle du grand portail de Cluny III : des fragments de cette dernière rehaussés de polychromie rouge sont conservés au musée d'Art et d'Archéologie de Cluny. Son pourtour plat a reçu la suite de l'inscription initiée au linteau.
Tympan > Le Paradis > La Vierge
La Vierge Marie, couronnée, trône aux côtés du Christ, bénéficiant ainsi d'un statut premier tout en haut de la scène du Paradis. Ses mains sont levées au niveau du buste, les paumes tournées vers l'extérieur en signe d'adoration. Cette attitude a été rapprochée d'une miniature du XIe (Paris, BnF, ms. gr. 74, fol. 51v.) où la Vierge marie figure de la même façon aux côtés de son fils dans la scène du jugement dernier; cette scène de tradition byzantine augure de la représentation du tympan de St-Lazare. A droite de la Vierge se trouve un ange, derrière lequel est figurée l'entrée des élus dans la Jérusalem céleste, le tout créant un registre supérieur dans l'organisation de la scène. La composition de l'ensemble permet de faire un lien entre les deux registres de la scène du Paradis, au travers de la représentation architecturale de la Jérusalem céleste, dont le niveau inférieur est parfaitement lié au registre représentant les apôtres.
Tympan > Le Paradis > Les apôtres
Les apôtres, au nombre de neuf, sont regroupés debout autour de la grande figure de Saint-Pierre, qui brandit les clés du paradis; il apporte son secours à une âme voulant accéder à la cité céleste en la hissant de sa main libre. Saint-Paul lui répond à droite, très attentif au message divin. Pour donner plus de relief au corps des personnages, le ciseau incisif du sculpteur traité les plis des vêtements en groupes de traits parallèles, sorte de réseaux systématiques formant un pur jeu graphique. Ce graphisme stylisé et synthétique souligne avec force l'anatomie des personnages.
Tympan > Le Paradis > La Jérusalem Céleste
La Jérusalem Céleste est représentée par une demeure contemporaine à trois étages, décorée d'arcades aveugles au rez-de-chaussée et ouvertes aux deux nivaux supérieurs. Ces baies sont rythmées de petits chapiteaux végétaux reposant sur des pilastres cannelés ; la porte largement ouverte ne se situe qu'au dernier étage. De fait, les élus doivent se hisser par les fenêtres en cela aidés par les anges. Deux âmes ont regagné la Demeure éternelle lors de la précédente campagne de restauration, comblant ainsi le vide de certaines fenêtres. Leur enthousiasme s'affiche aux fenêtres à travers des attitudes enjouées et ravies.
Tympan > L'Enfer > La pesée des âmes
La pesée des âmes est effectuée par l'archange Saint-Michel. Représenté au-dessus de son épaule, Saint-Jean, présentant un livre ouvert, joue le rôle d'intercesseur et accompagne Saint-Michel dans sa fonction de psychopompe, c'est-à-dire de guide des âmes des morts. Ce dernier n'est pas dans la position centrale traditionnelle : il effectue la pesée des âmes, du côté de l'Enfer et a maille à partir avec l'un des suppôts du diable. Celui-ci s'accroche au fléau de la balance pour alourdir le poids des péchés d'une âme qui présente déjà le rictus du mal. Fait exceptionnel, Saint-Michel triche également en appuyant sur son côté de la balance. C'est ce dernier qui l'emporte et l'âme de l'élu s'élève joyeusement vers le paradis. D'un calme serein, l'archange assure la protection de deux autres âmes en attente de pesée qui ont trouvé refuge dans les plis de son manteau. Le repositionnement de la tête de celle de droite (en partie mutilée) a permis de retrouver l'élégante symétrie du drapé et conforter la stabilité du personnage de St-Michel.
Tympan > L'Enfer > Diable et Léviathan
Du côté de l'Enfer, les Réprouvés sont pris en charge par les démons dont la morphologie anguleuse et décharnée est bien reconnaissable : les muscles saillants renforcent leur aspect hideux, les visages à la chevelure ébouriffée et au large ricanement s'avèrent des leitmotivs dans la sculpture de Gislebertus. Après la pesée, les damnés sont entraînés dans le cercle infernal : un serpent à trois têtes s'enroule autour des membres inférieurs du grand diable qui participe à la pesée.
L'un de ses compères armé d'une fourche à deux dents tire une femme par le cou tandis qu'un second hisse un groupe de trois damnés par une chaîne pour les jeter dans la gueule de Léviathan. Un troisième au rictus railleur tient dans ses mains une sorte de salamandre, symbole des esprits impurs. La gueule de Léviathan jaillit de l'Enfer signifié par une architecture sobre, un bâtiment à une nef, rectangulaire, ponctué en façade de trois ouvertures. L'ensemble est vu en perspective plongeante, livrant à notre regard un toit à deux pans dont les pentures métalliques rappellent un reliquaire. De façon spectaculaire, un diable démesuré dont le corps est plié à angle droit pour mieux épouser l'arrondi du tympan, enfourne sans compassion les Réprouvés dans l'antre infernal. Les relevés récents de polychromie ont livré la présence de peinture noire sur le corps des diables et des rehauts de rouges entre autres sur leurs babines.
Tympan > L'Enfer > Elie et Enoch
Situés au-dessus de la scène de la pesée des âmes, deux personnages (possiblement les prophètes Elie et Enoch) représentés assis discourent avec véhémence. Ils tiennent un codex ou un volumen et leur discours, par geste codifié (index et auriculaire tendus ou repliés), renforce cet instant solennel.
Troisième voussure > Printemps et automne
Les saisons de printemps et d'automne figurés par deux personnages. Le premier (l'automne ?) porte sur son épaule ce qui semble être une gerbe de céréales, le second (le printemps ?) s'essuie le visage avec son vêtement.
Troisième voussure > Hiver et été
Les saisons d'hiver et d'été figurés par deux personnages. L'hiver est chaudement vêtu tandis que l'été est quasiment nu.
Troisième voussure > Mois de janvier
Travaux du mois de janvier. Représentation d'un paysan prenant son repas près d'un feu. Chaudement habillé, le personnage coupe une miche de pain avec un grand couteau. Il se chauffe les pieds auprès du feu.
Troisième voussure > Signe du Verseau
Signe du zodiaque : le Verseau
Troisième voussure > Mois de février
Travaux du mois de février. Représentation d'un paysan se chauffant auprès d'un feu. Chaudement vêtu, il tend les mains vers le feu ainsi qu'un pied.
Troisième voussure > Signe des Poissons
Signe du zodiaque : les Poissons
Troisième voussure > Mois de mars
Travaux du mois de mars. Représentation d'un paysan taillant la vigne avec une serpe.
Troisième voussure > Signe du Bélier
Signe du zodiaque : le Bélier
Troisième voussure > Mois d'avril
Travaux du mois d'avril. Représentation d'un paysan nourrissant ses chèvres.
Troisième voussure > Signe du Taureau
Signe du zodiaque : le taureau.
Troisième voussure > Mois de mai
Travaux du mois de mars. Préparatifs pour la guerre : représentation d'un soldat tenant son cheval par la bride. Derrière lui, un bouclier et une lance avec un étendard.
Troisième voussure > Signe des Gémeaux
Signe du zodiaque : les Gémeaux
Troisième voussure > Personnage accroupi
Personnage accroupi, portant un bonnet. Peut-être une représentation symbolique de l'année.
Troisième voussure > Signe du Cancer
Signe du zodiaque : le Cancer
Troisième voussure > Mois de juin
Travaux du mois de juin. Représentation d'un paysan cueillant des cerises pour les manger.
Troisième voussure > Signe du Lion
Signe du zodiaque : le Lion
Troisième voussure > Mois de juillet
Travaux du mois de juillet. Représentation d'un paysan aiguisant sa faux.
Troisième voussure > Signe de la Vierge
Signe du zodiaque : la Vierge
Troisième voussure > Mois d'août
Travaux du mois d'août. Représentation du battage des céréales : un paysan torse nu lève son fléau qu'il va abattre sur deux gerbes de céréales.
Troisième voussure > Signe de la Balance
Signe du zodiaque : la Balance
Troisième voussure > Mois de septembre
Travaux du mois de septembre. Représentation d'un paysan foulant des raisins dans une cuve. Il tient à la main un sarment de vigne et semble vouloir porter à sa bouche une grappe de raisin.
Troisième voussure > Signe du Scorpion
Signe du zodiaque : le Scorpion
Troisième voussure > Mois d'octobre
Travaux du mois d'octobre. Représentation d'un paysan nourissant ses porcs avec des glands.
Troisième voussure > Signe du Sagittaire
Signe du zodiaque : le Sagittaire.
Troisième voussure > Mois de novembre
Travaux du mois de novembre. Représentation d'un paysan transportant du bois sur son dos. Une serpe est rangée sur le coté du fagot.
Troisième voussure > Signe du Capricorne
Signe du zodiaque : le Capricorne
Troisième voussure > Mois de décembre
Travaux du mois de décembre. Représentation d'un paysan abattant deux porcs avec une hache.